L’impact des devises sur les investissements étrangers lors des crises financières

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Investissement en devise étrangère

Les investissements boursiers, obligataires et autres actifs peuvent être réalisés en devise locale ou étrangère. Par exemple, de nombreux ETF américains tels que le SPY ou le Dow Jones sont libellés en dollars américains. Cela signifie que vous investissez à la fois dans l’ETF et dans la devise américaine. En d’autres termes, en tant que français, si votre investissement progresse de 10 %, mais que le dollar perd 10 % face à l’euro, votre gain net sera de 0.
Il est donc important de prendre en compte cet aspect lié à la devise étrangère. Si vous souhaitez éviter les fluctuations dues au change, vous avez deux options : investir dans des ETFs couverts (hedgés) en devise locale, s’ils existent, ou couvrir vous-même votre position en prenant une position inverse sur la devise, afin de limiter l’impact des variations.
Cette dernière approche peut être complexe, car il faut avoir la capacité de prendre des positions sur une devise avec un courtier ou une banque spécialisée et en plus il est difficile de couvrir précisément les gains et cela nécessite des rééquilibrages réguliers. Toutefois, même sans être parfaitement rigoureux, cette stratégie aide à mieux gérer le risque de change.

Les crises sur les marchés boursiers

Une crise boursière est une situation qui affecte l’ensemble des marchés financiers, généralement déclenchée par une perte de confiance des investisseurs. Parmi les exemples récents, on peut citer la crise du Covid en 2020 et celle des subprimes en 2008, qui comptent parmi les plus importantes depuis les années 2000, avec également l’éclatement de la bulle des télécoms.

Lors de ces crises financières, les actifs deviennent extrêmement volatils, y compris les devises. Certaines monnaies s’apprécient tandis que d’autres se déprécient, en raison des mouvements de capitaux entre les différents pays.

Impact des crises financières sur les devises

En analysant l’impact des crises du Covid et des subprimes sur les devises les plus échangées ainsi que celles des pays émergents, nous allons identifier lesquelles ont été les plus affectées durant ces périodes de turbulences financières. Nous analyserons les rendements des devises par rapport au dollar américain, qui sert de référence, étant donné qu’il s’agit de la devise la plus échangée au monde.
Ces rendements sont calculé sur la période des crises et ne sont pas annualisés, afin de maintenir une échelle de comparaison plus claire et lisible.

Les devises les plus échangées à ce jour sont :

  • Dollar américain (USD)
  • Livre Sterling (GBP)
  • Euro (EUR)
  • Yen Japonais (JPY)
  • Dollar Australien (AUD)
  • Dollar Canadien (CAD)
  • Franc Suisse (CHF)
Image 1 – Variations des devises par rapport au dollar américain lors des crises financières

Les rendements ne sont pas annualisés et correspondent aux rendements lors de la période de crise.
Crise 2008 : Entre le 1er octobre 2007 et le 9 mars 2009
Crise du Covid : Entre le 19 février 2020 et le 23 mars 2023

On observe que les devises japonaise et suisse sont particulièrement résilientes en période de crise. Le yen japonais s’est apprécié de 17 % lors de la crise de 2008 et s’est maintenu à l’équilibre pendant la crise du Covid. De même, le franc suisse est resté stable au cours des deux crises financières.
L’euro est également une devise relativement résiliente durant ces périodes, contrairement à la livre sterling ainsi qu’aux dollars australien et canadien, qui ont largement été dévalués.
Enfin, le dollar américain, en tant que monnaie de référence, se distingue également par sa résilience. Cela s’explique en grande partie par le fait que les investisseurs ont tendance à vendre leurs actifs risqués pour investir dans ceux des pays jugés moins susceptibles de faire défaut. La Suisse et les États-Unis ont lors des dernières crises été perçus comme moins risqués que d’autres nations.

En appliquant la même analyse aux devises moins échangées, notamment celles des BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – (illustration 2), on constate à nouveau une dévaluation significative en période de crise. L’exception notable reste le yuan chinois, qui montre une certaine résilience, principalement en raison de son rattachement au dollar américain, soutenu par les politiques du gouvernement chinois.

Les devises des BRICS :

  • Réal brésilien (BRL)
  • Rouble russe (RUB)
  • Roupie indienne (INR)
  • Yuan renminbi chinois (CNY)
  • Rand sud-africain (ZAR)

Image 2 – Variations des devises BRICS par rapport au dollar américain lors des crises financières

Les devises des BRICS subissent généralement de fortes dévaluations en période de crises financières. Lors de la crise des subprimes, à l’exception du yuan chinois, toutes les devises des BRICS se sont dépréciées d’au moins 20 % par rapport au dollar américain. De manière similaire, pendant la crise du Covid, seules les devises chinoise et indienne ont réussi à éviter une dévaluation importante de leur monnaie.

Impact sur vos investissements

Par conséquent, soyez extrêmement prudents, car en période de crise, vos investissements peuvent non seulement perdre de la valeur intrinsèque, mais aussi souffrir de la dépréciation de la devise étrangère dans laquelle ils sont libellés.

Par exemple, si vous investissez 100 000 dollars canadiens lors de la crise de 2008 :

  • Perte de 30 % sur le marché canadien (TSX) : 100 000 x 0,7 = 70 000 (perte de 30 000 dollars)
  • Perte de 10 % sur la devise EUR/CAD : 70 000 x 0,9 = 63 000 (perte de 7 000 dollars)

Soit une perte totale de 37 % sur votre investissement initial.
Il est essentiel de prendre en compte cette double dépréciation en période de crise, car elle amplifie le risque et peut compromettre vos investissements, en particulier si vous visez le court terme.

Conclusion

Les crises ne se ressemblent jamais exactement, et les variations des marchés ne sont donc pas toujours identiques. Cependant, les mouvements des devises tendent à suivre des schémas répétitifs, comme l’illustrent les tendances observées. Des devises comme le franc suisse, le yen japonais, le dollar américain, le yuan chinois, et dans une moindre mesure l’euro, agissent généralement comme des devises défensives en période de crise, offrant ainsi une certaine protection contre les pertes sur vos investissements.

Lorsque vous investissez dans des ETFs de marchés internationaux, il est crucial de considérer des ETFs couverts (hedgés) afin de ne pas voir vos rendements affectés par les fluctuations des taux de change. Ces fluctuations peuvent réduire considérablement les gains de vos actifs si elles ne sont pas prises en compte.

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